Citation à venir.
Un pas. Deux pas. Trois pas. Il aurait dû être rentré depuis une bonne heure à présent. Où pouvait-il bien être ? Avec qui ? Dans quelle situation s’était-il encore fourré ? Des questions qui envahissaient la tête de Declan au vue du peu d’éléments que lui avaient laissés Dean, son neveu, sur sa soudaine disparition. Il continuait de découvrir avec joie les inquiétudes d’un parent face à la rébellion de son poussin. Un vrai bonheur pour un homme qui n’avait jamais voulu d’enfant, et n’avait jamais pu les supporter. Pourtant, il se devait d’élever Dean, le fils de son frère décédé, du mieux qu’il le pouvait, même si cette tâche ressemblait plus souvent à un fardeau qu’à un bonheur de la vie de tous les jours. Au final, peut-être que la pendule avait seulement décidé de changer d’heure sans demander l’avis de son propriétaire. Declan en doutait fortement pour connaitre les habitudes nocturnes de son neveu. La machine était de nouveau lancée. Il allait tenter de battre son record de pas accompli en une nuit sur le plancher de l’appartement, puis il se retrouverait demain matin avec des cernes bien marquées pour n’avoir pu dormir de la nuit. Il galérerait ensuite avec de l’anticerne pour tenter de masquer son cauchemar récurent et restait un minimum présentable face à ses clients. Puis Dean rentrerait la bouche en cœur, irait se coucher avec l’intention de sécher l’école à nouveau, et Declan ne dirait tout simplement rien, trop habitué à lui trouver des excuses face à son comportement. Prendre la place d’un père décédé était une tâche beaucoup plus dure à accomplir qu’il n’y paraissait finalement.
Le temps était alors venu de rompre avec les codes que son train-train quotidien lui avait imposés depuis une semaine. Incapable de dormir, Declan attrapa le plan qui trainait depuis une éternité sur la table du salon, pour le lire rapidement en diagonale et pointait du doigt le premier nom du bar qui croisait son chemin.
River Avenue serait la destination du jeune homme. Rejetant l’objet d’un geste brusque, il prit ensuite sa veste en cuir pour l’enfiler avant de sortir de son appartement.
Aucun message sur son téléphone. Dean, pour un jeune adolescent, ne savait définitivement pas encore comment se servir du sien. Un comble me direz-vous. Dans un soupir de lassitude, Declan décida enfin d’arrêter de se faire des cheveux blancs pour apprécier avec délectation la fraicheur de l’hiver qui venait de se faire ressentir contre son visage. Glissant ses mains dans ses poches, il marcha tranquillement sans se soucier de l’agitation qu’il pouvait y avoir autour de lui, en direction de ce fameux bar où il comptait bien faire peau neuve avec un peu d’alcool dans les veines.
***
Quelques instants plus tard, Declan sirotait son troisième whisky dans le bar irlandais dans lequel il se trouvait. Le regard légèrement vitreux, il n’avait pas tout de suite pris conscience de la minuscule chose qui se trouvait non loin de sa main. Mais lorsque l’action fut faite, il ne put s’empêcher d’ouvrir de grands yeux effrayés et de crier aussi fort que ses cordes vocales le permettaient. «
- Ahhhh un naiiiin ! » Tous les regards s’étaient alors tournés vers lui, surpris et interrogateurs, ils ne pouvaient que se demander ce qui venait de piquer le jeune homme. Une question à laquelle ils ne purent répondre dans l’immédiat, puisque Declan venait de tomber de sa chaise, s’évanouissant sous le coup de l’émotion.
C’est avec une gorge pâteuse et une douleur lancinante dans la nuque qu’il ouvrit les yeux quelques instants plus tard, entouré par quelques personnes du bar qu’il n’avait jamais vu. «
- Tout va bien monsieur ? » «
- Je crois. » Avec un peu d’aide bien mérité, il reprit place sur son siège, glissant une main tremblante sur son front, le regard à l’affût de cette petite chose qu’il pensait avoir vu. «
- J’ai juste… eu une hallucination. L’alcool ne fait jamais bon ménage avec les médicaments, n’est-ce pas ? » Un rire mi-gêné, mi-apeuré venait de sortir de ses lèvres, tandis que son regard se reposait pour la énième fois sur le bar. «
- Ca va aller, je vous remercie. » Finissant son verre d’une traite, il apprécia de se retrouver de nouveau seul même si les regards étaient toujours braqués sur lui. Soufflant doucement, il prit le temps de reprendre ses esprits, avant d’en conclure que ce verre serait son dernier, et que son cauchemar était terminé.
Leung Wing-na n’existait pas, elle n’était qu’une invention créé de toute pièce par son esprit imbibé d’alcool. Et dieu merci, elle avait disparu.made by pandora.